Ou l’histoire du Dr Jekyll et Mr Hyde au volant
Vous connaissez sûrement cette personne hyper zen, calme, toujours de bon conseil, jamais un mot plus haut que l’autre … jusqu’à ce qu’elle s’installe derrière un volant ! Et cette personne c’est peut-être même vous! Pourquoi je m’énerve au volant? C’est le début d’une transformation digne d’un mauvais film de science-fiction: le gentil Jekyll devient soudainement l’étonnant Hyde, prêt à dévorer quiconque oserait rouler à 40 sur une route de ville.
Ceci dit, pourquoi une personne qui en temps normal répondrait à une critique par un sourire et un « Je comprends parfaitement ton point de vue » se transforme en créature hurlante et pleine de bave dès qu’elle est dans une voiture?
L’effet « cage à roulettes »
Une voiture, c’est un peu comme une boîte magique. Elle te donne un pouvoir que tu n’as pas ailleurs. Tout à coup, toi, l’être paisible qui attend patiemment ton tour dans les files d’attente, te voilà aux commandes d’une machine de métal et de vitesse. La mutation commence. Ce sentiment de puissance, c’est comme un cocktail molotov d’adrénaline.
Et puis, soyons honnêtes: une fois les portes fermées, personne ne peut t’entendre. Ca y est tu es libre de hurler ce que tu n’oserais jamais hurler au supermarché. Cette sensation de sécurité fait ressortir ce qu’on cache à la surface: notre Hyde intérieur. C’est une des raisons pourquoi je m’énerve au volant !
L’ennemi invisible
Ils ne savent pas conduire … mais toi oui! Dans la vraie vie, on est tous humains, avec nos défauts et nos petites manies. Mais sur la route, on devient des juges suprêmes de la conduite d’autrui. Celui qui oublie son clignotant? Incompétent. Celui qui freine trop tôt? Dangereux. Et celui qui roule à 30 dans une zone à 50? Un criminel, évidemment.
Etrangement ces erreurs quand c’est toi qui les fais, ça va. Mais les autres? C’est une autre histoire. Pourquoi? Parce que dans une voiture, les autres conducteurs ne sont plus des êtres humains avec des vies, des soucis et des enfants qui hurlent à l’arrière. Non, ce sont juste des obstacles à ton arrivée dans les temps. Tu es dans une mission sacrée: arriver à destination à l’heure et cela même si tu es partie en retard!
Le syndrome du « coupé court »
Le bien-nommé « point de bascule ». On en a tous un. Tu roules tranquille, pépère, presque en méditation, et là, quelqu’un ose te faire une queue de poisson. Allez, c’est trop tard, Jekyll a définitivement laissé place à Hyde. Tes mains se crispent sur le volant, tu lâches un « mais il est sérieux là? » sur un ton que même toi, tu ne reconnais pas.
Ce moment, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Peu importe à quel point tu étais calme avant, cette petite infraction transforme la route en champ de bataille. Et étrangement, c’est là que tu découvres une nouvelle palettes d’insultes dont tu ignorais l’existence, comme si la voiture était livrée avec un manuel caché de jurons ! Je crois que cette raison est la principale qui explique pourquoi je m’énerve au volant !
La théorie du « je suis seul au monde »
En voiture, on se sent comme dans un film où le reste du monde joue des figurants et toi, tu es la star. Du coup, chaque obstacle sur ta route devient un affront personnel. Le piéton qui traverse sans regarder? IL veut saboter ta journée. Le camion qui ralentit en côte? C’est clairement un complot international contre toi. Et ne parlons pas des feux rouges : c’est simple, ils te détestent.
Cette sensation d’être au centre de l’univers exacerbe la moindre contrariété. Comme si, tout à coup, les règles normales de la vie n’existaient plus: tu es le héros et tout le reste est une nuisance.
La magie du klaxon
Jekyll n’utiliserait jamais un klaxon dans la vraie vie (d’ailleurs, on dit klaxon ou klaxon(e)?). Imagine, tu fais la queue à la banque, quelqu’un te double et là, tu sors un « TUUUUT » sonore pour montrer ton mécontentement. Impossible. Mais en voiture, c’est la norme! Le klaxon devient ton meilleur allié. C’est un peu comme la baguette magique de Hyde: un simple coup et tu exprimes tout ce que tu ressens.
Le problème, c’est que le klaxon ne résout rien. Au mieux, ça te fait te sentir un peu mieux. Au pire, ça te transforme en personnage un peu ridicule, gesticulant derrière ton pare-brise tandis que l’autre te regarde sans vraiment comprendre pourquoi tu en fais tout un plat. Rappelons que lui aussi est le héros de sa vie!
Alors pourquoi je m’énerve au volant? En fin de compte, la voiture réveille notre Hyde parce qu’elle nous place dans une bille où on a l’impression que tout peut nous échapper. Ce n’est pas vraiment la conduite des autres qui nous énerve, c’est cette illusion de contrôle qui s’effrite à chaque embouteillage, chaque feu rouge et chaque queue de poisson.
Alors oui, même les personnes les plus calmes peuvent se transformer en furie au volant. Mais souvenons-nous, que tout comme Jekyll, il suffit de sortir de la voiture pour redevenir nous-mêmes. En attendant, on peut essayer la méditation au volant pour voir.
Après, je n’oublie pas que malgré tout, vous conduisez tous mal … sauf moi! Je vous propose d’aller lire mon billet d’humeur « Peut-on encore se parler? »